**Eh ben, c'était pas du luxe ! Qu'est-ce qu'il est crado ce vieux bougre, j'sais pas ce qu'il fait là-dedans, mais en tout cas, ça me donne du boulot tout ça !**
// Judith sortit du bureau du Ministre de la Magie et s'éclipsa en un rien de temps. C'était l'elfe de maison de monsieur Otori depuis qu'il avait pris ses fonctions au Ministère. Elle l'aimait bien pourtant. Elle le trouvait un peu gâteux et égoïste, mais il n'avait pas mauvais fond et ne la traitait jamais mal. //
// Takeo Otori marchait d'un pas lent mais assuré. Il avait pris quelques rides depuis qu'il avait quitté Poudlard, il semblait réellement vieilli et affaibli. Pour autant, le Ministre de la Magie était plein d'entrain et d'assurance, c'était d'ailleurs pour ça qu'il avait été choisi. Monsieur Otori était un homme respecté. Il avait une intelligence certaine et ne cachait jamais son dégout de la magie noire, à tel point qu'il avait fait de ce fléau une véritable priorité lors de son mandat : ses sbires étaient sans cesse en activité afin de traquer les mages noirs du monde de la magie; le travail entreprit était incommensurable, mais les résultats obtenus jusqu'alors avaient été convaincants.
Le Ministre entra dans son bureau, il était impeccable. En vieillissant, il avait développé un profond rejet pour la saleté et demandait à ce que son bureau soit nettoyé de fond en comble au moins trois fois par jour. Et la tâche n'était pas mince : l'immense bureau vitré côté Sud, mesurait près de cinquante mètres carrés. D'innombrables tapis jonchaient le sol et les bureaux et chaises étaient présents en quantité. L'homme manquait de goût, cela était évident. Çà et là traînaient des bibelots rapportés de différents voyages, des objets de décoration très kitch, et cætera. C'était laid, mais Takeo se complaisait dans cet univers étrange dans lequel il savait évoluer : sa chaise de bureau lui rappelait un voyage en Suède, le lustre qui pendait au plafond un séjour en Bulgarie et enfin, le tableau à côté de la porte un cadeau de son arrière grand-mère. Bref, tout était laid, rien ne s'accordait, mais chaque objet avait son importance et une signification particulière. C'était comme ça qu'il voyait la vie : pleine de souvenirs qui à première vue ne s'imbriquent pas, mais qui forment pourtant un tout.
C'était peut-être bien là son problème, pensa Takeo en s'asseyant sur un vieux fauteuil de cuir : il ne savait pas faire le tri et ce, aussi bien dans ses souvenirs que ses décisions. Cette tare le rongeait, compromettait son travail chaque jour, en tant que Ministre de la Magie. Mais il ne laissait rien transparaître : Monsieur Otori était un homme droit, donnant ses ordres avec précision et réflexion sans que rien ne puisse s'y opposer. Parce que oui, il aimait le pouvoir. Et ce poste lui en donnait un immense...
Takeo Otori signa quelques papiers traînant sur son bureau et, tout en songeant à comment remédier à ses défauts, il lança un jet un de flamme dans la cheminée dont le bois s'embrasa aussitôt. Il était neuf heures quarante-cinq. Il avait un premier rendez-vous à dix heures. Pour une fois, il attendit, sans rien faire. //
